The following is a link to the new journal ’Multitudes’, after the social crisis that followed the events in several city-banlieues. Articles and information in French only, although the website contains several translations and originals in italian, spanish, and english. Includes also a complete archive of the historical french publications Futur Antérieur and Alice.
La république et ses banlieues racisme institutionnel
expérimentations politiques
entrée interdite / mayotte 2
clarisse hahn / bruno serralongue
Visant à « prendre la politique de revers », comme le suggérait Michel Foucault, la revue Multitudes a voulu s’emparer à sa manière du Non au référendum sur la constitution européenne. Le Non s’est concrétisé dès l’été par un renforcement de la médiatisation sur les barrières autour de l’Europe, et par l’aggravation de la mise en danger de mort des immigrés sur leur chemin ou dans la ville.
La majeure sur le « racisme institutionnel » part de l’hypothèse que l’égoïsme de l’opinion publique ne fait que refléter les politiques officielles telles qu’elles s’expriment dans les catégories statistiques (Patrick Simon) et la politique du logement (Jean Marc Salmon).
Tous les arguments sont bons pour les élites, élus, presse, auteurs de manuels scolaires pour refuser l’accès à l’Europe aux populations africaines (Teun A. Van Dijk). Jusqu’au jour où ce protectionnisme, ce racisme, se traduit par des drames, comme à Ceuta et Melilla (Raul Sanchez). Le racisme, et sa dissimulation sous les oripeaux de l’égalité devant la loi, n’est d’ailleurs pas seulement européen. Au Brésil, le débat sur le métissage s’est emparé d’une Université où le gris nationalement de rigueur vire curieusement au blanc (Giuseppe Cocco et Antonio Negri).
Le déni du racisme est insoutenable, quand il est matériellement évident. La république peut toujours marteler ses valeurs de liberté et d’égalité ; elle restera dans le vent tant qu’elle ne balaiera pas devant sa porte.
Yann Moulier Boutang salue les émeutes de novembre qui ont mis en lumière tous les obstacles accumulés par cette république sur son seuil.
La rubrique Insert apporte elle aussi un éclairage sur une autre frontière, plus lointaine, de la République et de l’Europe : Mayotte où, dans une relative indifférence médiatique, de graves violences se sont déroulées en octobre 2005, donnant lieu à une stigmatisation des clandestins et annonçant sans doute une autre « crise » à venir.
La mineure « Expérimentations politiques » propose un déplacement de la position des intellectuels : ne plus se contenter d’interpréter mais expérimenter et s’ouvrir aux porteurs d’expériences. Il faut alors changer de références dominantes, et passer du marxisme au pragmatisme (Maurizio Lazzarato). Il faut abandonner la croyance au progrès et faire feu de la multiplicité des paradigmes disponibles, traiter le capitalisme de sorcier par exemple (Isabelle Stengers). Il faut faire confiance à toutes les formes de savoir mises en situation d’expérimentation, au lieu de recourir aux experts (Philippe Pignarre). Les formes dominantes d’action politique ne sont d’ailleurs pas exemptes d’affectivité, comme le montre la police depuis le 11 Septembre 2001 (Brian Massumi).
Dans la philosophie américaine de la démocratie radicale (Emerson et Thoreau), on trouve des concepts et des attitudes à développer : confiance en soi, vie ordinaire, importance (Sandra Laugier). De nouvelles manières de constituer des publics et d’interpeller l’état se forment sous nos yeux, comme dans le cas des OGM (Nathalie Trussart). Dans l’usage des drogues se conjuguent expérimentation et expérience pour tisser des lignes de vie bien différentes des politiques officielles de prévention et de répression (Stany Grelet et Aude Lalande).
La rubrique Hors Champ poursuit un questionnement parallèle à cette Mineure en proposant une réflexion participante sur les micro-politiques de l’enseignement universitaire aux USA : avec quelles marges de manœuvre étudiants et enseignants peuvent-ils se livrer à des expérimentations politiques dans ce cadre surinvesti d’enjeux économiques et symboliques - que l’on pose souvent à l’horizon du devenir des universités européennes ?
La section Icônes est consacrée à deux artistes qui interrogent la question du documentaire : le projet de Bruno Serralongue, Cahiers, traite de la grève des travailleurs migrants du chantier naval de Saint-Nazaire, alors que Clarisse Hahn, dans Boyzone, aborde la masculinité et ses stéréotypes.
Deux textes contextualisent ces travaux : le premier, par Alexandre et Daniel Costanzo, analyse les enjeux politiques du travail de Serralongue ; le deuxième, par Giovanna Zapperi, envisage les relations entre genre, voyeurisme et rapports de force dans le travail de Clarisse Hahn.
Enfin, dans la rubrique Liens, Saverio Ansaldi propose une réflexion sur les fonctions de la police française dans le gouvernement de la vie, à partir d’une lecture du livre de Paolo Napoli, Naissance de la police moderne. Pouvoir, normes, société.